Les toponymes naissent, grandissent et parfois disparaissent. Au cours de leur vie, ils se transforment peu à peu lors se leur trasmission orale du fait des aléas de la prononciation. Mais un phénomène plus important et fréquent les modifie totalement ; il s'agit de la remotivation, sorte de mutation.

Un toponyme devenu incompréhensible pour une population donnée est alors confondu avec un mot voisin, de prononciation voisine, un paronyme, mais de sens compris. Non seulement le toponyme est modifié, mais il prend alors une signification nouvelle, sans rapport avec l'originelle.

La Remotivation
Ainsi "Les Tapes" deviennent "L'Etape", "Le Cey" (le saix), "Le Ciel".
Les plus nombreuses remotivations se sont produites lorsque le langage a été transcrit. La première période fut celle des scribes. Ils devaient écrire en latin des actes comportant des noms de lieu bien antérieurs. C'est ainsi que "Chamonix" devint "Campus munitus"(lire l'écrit correspondant). Il est dommage que de nombreux toponymistes aient pris pour 'argent comptant' les traductions latines. La seconde période correspondit à l'établissement du cadastre. Les fonctionnnaires chargés de cette tâche n'ont pas toujours compris les noms de lieu prononcés par les autochtones ; dans certains cas, la modification ne concerne que l'orthographe, mais dans d'autres, il semble qu'il s'agisse d'une véritable transformation.

Ainsi, à Cordon, "Le Jet" est devenu "Le Geai", simple problème d'orthographe,

A Sallanches, on trouve le toponyme "L'Orvet" dans le secteur d'"Arvey", transformation probablement volontaire pour éviter la répétition du même toponyme.

Le travail du toponymistes consistera donc souvent à déméler le vrai du faux. Il devra sans arrêt penser qu'un toponyme dont la signfication paraît évidente, correspond peut-être à une remotivation d'un toponyme originel.